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Le syndrome métabolique regroupe un ensemble de facteurs de risque prédisposant aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2. Il est également associé à une augmentation de la mortalité et sa prévalence augmente avec l’âge. Aux Etats-Unis, elle est estimée à 33% pour la population âgée de 20 à 59 ans et à 59% pour les 60 ans et plus. Les facteurs de risque généralement les plus reconnus sont l’absence d’activité physique, une alimentation de mauvaise qualité, une consommation importante d’alcool et le tabagisme. Plus récemment, un autre facteur, le comportement sédentaire pendant les loisirs, est apparu comme un nouveau facteur de risque de mauvaise santé. Il se manifeste essentiellement par une grande assiduité à la télévision, seule ou associée à l’utilisation d’un ordinateur.
En Australie, les hommes et femmes âgées de 25 à 64 ans consacrent environ 2h50 par jour à regarder la télévision et ceux qui sont âgés de 65 ans et plus y consacrent en moyenne 3 heures et 50 minutes. Une étude a été mise en place dans le but de définir l’impact de ce comportement sur le métabolisme d’une population de seniors vivant dans ce pays. Cette cohorte était constituée de 896 hommes et 1 062 femmes âgés de plus de 60 ans (moyenne 69 ans). Les participants ont bénéficié d’un examen médical et devaient répondre à un questionnaire sur leur situation familiale, leur niveau d’éducation, leur position sociale, leur emploi, leur passé médical,… Un syndrome métabolique était diagnostiqué si 3 des 5 paramètres suivants étaient présents :
- une obésité abdominale (tour de taille > 94 cm chez les hommes, > 80 cm chez les femmes) ;
- un niveau élevé de triglycérides sériques (> 1,7 mmol/l) ;
- un niveau bas de HDL-C (< 1 mmol/l chez les hommes, < 1,3 mmol/l chez les femmes) ;
- une pression artérielle élevée (>130/85 mmHg) ou un traitement contre l’hypertension ;
- une intolérance au glucose (glucose plasmatique > 5,6 mmol/l) ou un diabète de type 2.
Différents paramètres du mode de vie ont été évalués dont l’activité physique, considérée comme bonne si elle était au moins équivalente à 150 minutes de marche par semaine, la consommation d’alcool jugée élevée si > 20 g d’alcool par jour, l’appréciation personnelle de l’état de santé estimée sur une échelle de zéro à 100, la qualité de l’alimentation mesurée sur une échelle tenant compte de la quantité et de la variété des aliments. Le temps passé à regarder la télévision a été apprécié sur une semaine et reporté en heures par jour. Le même type d’évaluation a été appliqué au temps passé assis (lecture, conduite, travail à un bureau, télévision, …).
Les principaux résultats pour les hommes et les femmes présentant (Smet) ou non (NSmet) un syndrome métabolique sont rassemblés dans le tableau ci-dessous.
|
Hommes |
Femmes |
||||
NSmet |
Smet |
p |
NSmet |
Smet |
p |
|
Nombre de sujets |
487 |
409 |
|
642 |
420 |
|
Age moyen (ans) |
69,7 |
69,4 |
0,51 |
68,9 |
69,3 |
0,32 |
Autoévaluation santé (score) |
82,7 |
79,4 |
<0,001 |
81,4 |
78,1 |
<0,001 |
Activité physique (h/j) |
0,82 |
0,67 |
<0,005 |
0,69 |
0,53 |
<0,001 |
Absence de pathologie (%) |
37,2 |
17,6 |
<0,001 |
34,6 |
15,2 |
<0,001 |
Temps de télévision (h/j) |
2,06 |
2,28 |
0,02 |
2,04 |
2,42 |
<0,001 |
Temps passé assis (h/j) |
5,27 |
5,61 |
0,06 |
5,11 |
5,44 |
0,04 |
Principales caractéristiques des participants en fonction de la présence (Smet) ou non (NSmet) d’un syndrome métabolique.
Dans cette cohorte, le syndrome métabolique touchait plus les hommes (46%) que les femmes (40%). Les participants atteints avaient un comportement significativement plus sédentaire, passaient plus de temps assis et à regarder la télévision et avaient moins d’activités physiques. L’effet néfaste de la télévision était plus marqué chez les femmes que chez les hommes. Après ajustement sur les divers facteurs de confusion, chez les femmes, le temps passé devant la télévision était associé à un niveau plus faible de cholestérol HDL et un risque plus élevé d’intolérance au glucose. Cette différence entre les sexes pourrait être attribuée en partie à un grignotage plus important. Par contre, les conséquences du temps passé assis sont les mêmes pour les 2 sexes avec un risque plus élevé d’élévation des triglycérides chez les hommes comme chez les femmes, une obésité abdominale plus fréquente chez les femmes et un niveau plus faible de cholestérol HDL chez les hommes. Au niveau physiologique, certaines études ont montré que la position assise pourrait diminuer le taux de lipoprotéine lipase et donc augmenter le taux d’acides gras circulants. Quoiqu’il en soit, les risques liés au syndrome métabolique ne peuvent pas être attribués à la seule télévision mais plutôt à la sédentarité qui va de pair. On notera que le temps passé devant la télévision en Australie est tout à fait comparable aux habitudes des Français.